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Carine-Laure Desguin, ses romans, nouvelles et poésies
17 septembre 2015

Le messager, nouvelle, texte lauréat concours 28 ème chapitre, Welkenraedt (bibliothèque, Bull'ding)

Septembre 2015 007

 

— Alors Carine-Laure, tu as donc revisité l’histoire du Petit Prince ?

— Oui, je trouvais le challenge assez sympa et pour participer à ce concours, j’ai relu Le Petit Prince de Saint-Exupéry. Un régal. Une histoire à relire plus souvent, on zappe souvent un passage ou l’autre alors que l’on devrait s’arrêter à chaque page et respirer tout ça.

— Et ce concours, il était organisé par qui et pourquoi et avec qui et quel en était le thème ?

— Oh, en juillet, j’ai vu cette proposition sur le net. Il s’agissait d’inventer un 28 ème chapitre au Petit Prince. Pourquoi pas ? ai-je pensé…C’était la bibliothèque de Welkenraedt qui lançait ce concours, en partenariat avec la Bull’dingue.

CEC La Bull'dingue 
Rue de la gare 10 - 4840 Welkenraedt
Tél. 087 88 24 67 - Fax 087 88 39 32

labulldingue@gmail.com
http://ceclabulldingue.canalblog.com
https://www.facebook.com/labulldingue
https://www.pinterest.com/labulldingue

 

http://www.welkenraedt.be/culture-et-loisirs/commune/services-communaux/bibliotheque

— Comment t’es venue l’idée de ce 28ème chapitre car, avouons-le, il est pas mal ficelé ?

— Oh, une fois le livre relu, la suite de l’histoire m’est apparue assez rapidement mais je laisse au lecteur la joie de découvrir mon texte…

— Beaucoup de participants ?  ?

— Oui, beaucoup de participants et dix textes sortaient du lot…C’est une animatrice très enthousiaste de la Bull’dingue qui m’a téléphoné, mon texte Le messager faisait partie des textes sélectionnés. Quelle joie !

Et de plus, un recueil avec tous ces textes sera édité. Ça, c’est super…

Les animateurs de la bibliothèque de Welkenraedt et de la Bull’dingue fourmillent d’idées. Les 2 et 3 octobre, expos et atelier d’écriture, infos ici :

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— On découvre donc ton texte…

 

                                                                              Chapitre XXVIII : Le messager

 

— Toi, tu reviens de la chasse aux papillons !

Le petit bonhomme que j’avais devant moi ne répondit pas. Il rougit. Avec cette écharpe dorée qui lui cachait le nez, ces boucles d’or qui tourbillonnaient tout autour de la tête, il était bien ce petit prince extraordinaire dont mon ami m’avait tellement parlé. Et puis, mon ami, il l’avait dessiné, cet être hors-norme. Je ne pouvais me tromper. Oui, depuis cinq jours, je glandais ici dans ce désert du Sahara, sous ce soleil de plomb. Oui, il y avait cette fatigue, bien sûr. Mais c’était lui, c’était lui. Je savais qu’il viendrait, si je me crashais. J’avais en moi cette certitude. C’était même autre chose qu’une certitude, c’était une espérance. C’était pour moi une façon de ressentir la présence de mon ami. Je repris mes esprits et je lâchai :

— Dis-moi, et cette fleur ? Car bon Dieu, il s’en est voulu, tu sais, je parle d’un ami disparu que tu as croisé…Il s’en est aperçu bien trop tard qu’il avait oublié de te dessiner une courroie de cuir. Mille fois mon ami a pensé : « Que s’est-il passé sur la planète du petit prince ? Peut-être bien que le mouton a mangé la fleur… »

Ce silence. Ce silence me confortait dans mon idée. Ce bonhomme perdu dans le désert était bien le petit prince. Le temps d’un éclair, je fis un demi-tour sur moi-même. Pas de mur, pas de puits, pas de serpent ! Et ce silence, ce silence. Le petit prince me tendit alors une feuille de papier sur laquelle il avait dessiné…Et là, il n’y eut plus l’ombre d’un doute. Du tac au tac et avec l’espoir que ma réponse lui arracherait un mot ou deux, je lui dis :

— Ça, ce n’est pas un chapeau, c’est un boa qui a avalé un éléphant !

— S’il te plaît, dessine-moi une courroie de cuir…

— Oh mon bonhomme, mais bien sûr que je vais te dessiner une courroie de cuir !

Je sortis alors de ma poche une feuille de papier et un crayon. Un pincement au cœur... D’émotion, ma main trembla. Je m’appliquai au mieux et une courroie de cuir vit le jour. Voilà ! lui dis-je tout fier de mon œuvre, en lui tendant le dessin.

— Merci ! Avec cette courroie, le mouton ne mangera pas ma fleur.

— Et ce globe ? Il n’y a donc pas un globe qui protège ta fleur ?

— Oui, il y a un globe qui protège ma fleur mais ma fleur doit vivre et respirer, elle aussi. Et sur ma planète, il y a un tas de choses à faire. Je sais que tu sais que ma planète est si petite !

— Des tas de choses importantes, c’est ça, n’est-ce pas ?

Le petit prince ne répondit pas à cette question. Il rougit. Il riva son regard lumineux  sur le dessin. Oh, j’aurais pu lui parler des étoiles et des cinq cents millions de grelots, j’aurai pu lui parler de sa rose qui n’avait que quatre épines pour se protéger du monde. J’aurai pu lui dire tellement de choses. Mais je me tus, moi aussi. Je sentis des larmes me brouiller la vue. C’était cette histoire de renard. Dix minutes que ce gosse était planté là et je l’avais déjà apprivoisé. Mais je ne voyais pas ce fameux mur. Ni ce puits. Ni ce serpent.

Le petit prince replia les deux feuilles et les glissa dans sa poche.

— Ne les perd pas ! lui dis-je, tout en retenant mes sanglots. Car je savais qu’il allait partir, lui aussi. Il l’avait eu, son dessin…

— Merci ! murmura-t-il. Grâce à toi mon ami pourra s’occuper de ses livres. Il ne sera plus obligé de passer son temps à protéger notre fleur lorsque j’enlève les mauvaises herbes.

— Tu n’es donc plus seul sur cette planète ? Et tu as un ami qui écrit des livres ?

Le petit prince rougit encore. Puis il dit :

— Oui, il écrit des livres. Il écrit de belles histoires, des histoires de voyages. Avec les dessins, il a encore des difficultés. À cause des grandes personnes qui lui avaient dit de mettre de côté ses dessins et de s’intéresser à la géographie, à l’histoire, et à la grammaire.

Je tombai à genoux et me frottai le visage entre les mains. Je fus alors envahi par un sentiment mystérieux. J’étais à la fois très heureux et très malheureux. Lorsque je relevai la tête, je vis un serpent qui se faufilait entre deux pierres. Je regardai alors le ciel et les étoiles. Et je souris.

 

— Assez émouvant, ce texte…

— Oui, moi-même aussi, lorsque je le relis…

— Quelques événements pour toi ces prochaines semaines ?

— Oui, les mois d’octobre et novembre seront très hard !

Le jeudi 15 octobre à 19 heures, rendez-vous à la bibliothèque Marguerite Yourcenar (Château Bilquin de Cartier), place Albert 1er, 38, à Marchienne-au-Pont. Eric Allard présente mon livre C’est le même décor. Eric Allard a écrit la préface de ce recueil de trois nouvelles durassiennes et je me réjouis de dialoguer avec lui et surtout surtout de rencontrer les lecteurs !

 

Samedi 17 et dimanche 18 octobre, séance de dédicace lors du week-end poésies, à Namur. Je suis ravie que les éditions Le Coudrier publient Des lames et des lumières, un recueil de poésies.

Et en novembre, des séances de dédicace également…

 

Carine-Laure Desguin, infos et palmarès, ici :

 

http://carineldesguin.canalblog.com/pages/press-book/32061526.html

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Commentaires
C
Merci Brigitte. J'ai vraiment ressenti beaucoup de plaisir et d'émotion en écrivant ce 28ème chapitre. Ça transparaît dans les mots, sans doute.
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É
Bravo pour cette suite tout à fait dans le ton du Petit Prince! Bisous
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C
Bonjour Sylvie! Un tel feed-back, ça booste le moral d'un auteur! J'ai lu le texte lors d'une réunion du cercle littéraire montois Clair de Luth et je pense bien que Le messager sera publié dans la revue Aura. Je me réjouis aussi de rencontrer l'équipe de la Bull'dingue car waouwh, le coup de téléphone pour annoncé la sélection, j'ai adoré! Bon dimanche!
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C
Mon coup de cœur lors du concours du chapitre 28 ! Votre texte me donne des frissons à chaque lecture... Cela donne envie de vous découvrir plus. Nous nous réjouissons de vous rencontrer en octobre. Encore félicitations ! Bonne continuation. Sylvie, animatrice à la Bull'dingue.
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C
Bonsoir Marcelle, excuse-moi mais j'avais zappé ton commentaire. Comme tu le dis, à chaque lecture, une nouvelle lecture. C'est merveilleux. Un petit livre qui ressemble à une potion magique et qui ne prend jamais une seule ride. On devrait demander la recette à Saint-Ex...Bisous et bon we à toi!
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