Album Number One, Cinéma magique, Editions Chloé des Lys, 2016
Commentaire de Christine Brunet, juin 2016
Un moment que j'avais envie de me replonger dans l'univers des mots de Carine-Laure Desguin. Le petit "Album number one Cinéma magique" est arrivé et lu dans la foulée.
Comment expliquer ?
L'univers poétique de Carine-Laure est particulier dans le sens qu'il est à part. Il est explosions, feu et glace, swing et coups de bâton. Cet univers, c'est celui de la vie, celui des villes, celui des rêves. Il est celui qui ne sera pas mais qui est.
Cet album de poésies-chansons se lit à haute-voix en tentant de recréer le rythme qui va avec... et au fil des vers, le rythme s'impose et on swingue, on rape, on scande, on augmente le son.
Les mots collent à la peau de son auteur, c'est une évidence: ils sont ce qu'elle est. Mais ils scotchent les lecteurs qui s'aventurent entre les lignes, ils le secouent et l'éblouissent.
Carine-Laure, mais qu'est-ce que tu nous fais ?
Christine Brunet
www.christine-brunet.com
Commentaire d'Eric Allard, juillet 2016
Des chansons sur notre drôle de vie
Cet album original comprend des textes de chansons en quête de musique mais qu’on peut aussi bien lire sans, tant, telles qu’ils sont écrits, ils incluent, font entendre la leur.
On s’fera la malle, c’est un peu la chanson goldmanienne sur le mode de l’envol et qui prône le départ, l’arrachement aux habitudes qui nous conditionnent en nous promettant les étoiles, la paix dans le monde et le secours pour les plus démunis. Sauf qu’on y lit bien vite : On ira suivre les chacals / Hisser les oripeaux Ou Nous sommes tous vivants vivant des jeux de rôles...
On retrouve dans les autres textes de cet album au titre très euphonique cette ouverture/fermeture au monde comme Dans des ciels bleus où, à une envolée, une ascension vertigineuse, succède la chute inattendue…
Il pleuvra des amoureux
Sur la terre des déserts
Dans Bordel cette route, c’est d’un voyage dans l’enfer de la drogue et des villes fantômes dont il s’agit.
Alors je vais
Cueillir la daube
Cette poussière blanche
La dernière fois raconte le souvenir d’un moment passé avec une personne morte dans un accident, nous rappelant qu’on devrait toujours vivre les moments partagés avec un être comme s’ils étaient les derniers…
Cinéma magique souligne à sa manière que toute chanson est un film en miniature qu’on regarde défiler et dans lequel on joue par procuration.
Tes crayons de couleur
Taille-les sur mon cœur
Le Big Bang électronique relate une catastrophe bien réelle que certains continuent à ne pas voir…
Les carrefours mécaniques
Rassemblent
Les clones et les cliques
La vie fera bien ça est une chanson consolatrice, une sorte de berceuse, de prière tournée vers l’avenir.
La vie fera bien ça
Rendre ce qu’elle nous doit.
Le jour prochain s’ra loin raconte l’Hôtel du Déversoir où l’on passe de vie à trépas…
Dans un ciel d’éternité
Tes jours sont enterrés
Dans Thanksgiving Day, c’est le décor d’une ville en fête toute la sainte journée ; soudain Au hasard dans la foule / un inconnu s’écroule...
Cet album number one offre ainsi une palette émotive contrastée mariant la mort à la folie des hommes, la misère à l’espoir chevillé au corps, un œil toujours tourné vers l’enfance... Mais, en chanson, tout ça devient un baume, une réjouissance, une façon de se moquer ou de s'émouvoir, une célébration de cette drôle de vie qui est la nôtre. Dont le mystère, la musique sous-jacente, c'est sûr, confine au magique…
À signaler aussi le format A6 de l’album qui tient bien dans la poche revolver, à dégainer à la vue de toute guitare avenante ou à l’écoute de toute voix engageante…
Et la photo de couverture signée Derry Turla.
Éric Allard
Commentaire de Gaëtan Faucer:
Titre qui résonne comme un album de chansons, tel un collector ou une compilation du genre
…et pourtant, on pourrait presque dire que c’est le cas.
Les poèmes se suivent et ne se ressemblent pas ou pas trop.
C’est justement là le point fort de ce recueil, on croirait des textes composés pour un chanteur/ une chanteuse ou un groupe.
On y retrouve des balades, des textes qui riment, d’autres pas. C’est agréable à lire, on imagine facilement
la musicalité qui accompagne, qui n’est jamais loin.
Cinéma magique ? Les mots sont des images, les images des films, les films passent dans notre
tête lors de la lecture des textes. Un florilège de petits clips, un régal.
Bref, un recueil de poèmes qui date de 2016…mais il n’est sûrement pas trop tard pour y revenir.
Gaëtan Faucer
Lien vers le site : https://www.areaw.be/carine-laure-desguin-album-number-one-cinema-magique-poemes-ed-chloe-des-lys /
Un peu plus au sujet de Gaëtan Faucer ?
https://www.youtube.com/watch?v=yM3ArxTMJm4
Commentaire de Serge Guérit
Salut Carine, je viens de lire Album number one Cinéma magique, ouf ... j'avais les mots qui dansaient devant les yeux sur le rythme de la musique de Soprano, de Maître Gims, qui dansaient à ne plus finir, à vouloir qu'ils ne finissent plus. J'ai aimé tous ces mots écrasés, ces phrases écorchées, cette vie telle que tu l'écris et que j'aime lire comme tu l'écris. Merci. Si depuis sa sortie en 2016 ça n'a pas été fait alors il faudra que quelqu'un mette des notes sur ces textes. C'est trop bien. Bonne nuit Carine.