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Carine-Laure Desguin, ses romans, nouvelles et poésies
14 avril 2024

LA TROUBLANTE CONFESSION DE WILLIAM EVRARD, nouvelle SF, Carine-Laure Desguin

Crédit image, TOMBUD, Pixabay

Crédit image, TOMBUD, Pixabay

Ce texte a participé au concours organisé par Christine Brunet sur son blog www.aloys.me (avril 2024)

 

La troublante confession de William Évrard

 

   Si tu lis ceci, Stéfan, mon fils, c’est que mon âme s’est envolée au-delà de … Et, que tout à côté du violon, tu as trouvé ce carnet dans lequel, d’une certaine manière, je te dévoile l’inimaginable. Très bien. À présent, tu me lis. Assieds-toi et accroche-toi, mon fils. Ceci te semblera irréel, c’est cependant la pure vérité. Ta mère et moi ne t’avons jamais menti. Nous t’avons caché la réalité, voilà tout, pour te protéger. Pardonne-nous, pardonne-moi. Même si cela te paraît invraisemblable, réfléchis bien, Stéfan. Tu te sais différent des autres depuis toujours. Voici pourquoi.

   L’été 67, je me baladais à vélo du côté de Slijpe. Au niveau de l’écluse, le pont était relevé. J’ai arrêté de pédaler. J’ai déposé mon vélo contre un muret, j’avais envie de souffler un peu, de respirer sous ce beau soleil estival. Assise sur l’herbe, à deux pas de là, une très jolie jeune fille était perdue dans ses pensées, des yeux verts, une longue chevelure auburn et, sous son tee-shirt moulant, je devinais une poitrine de rêve. Elle regardait en direction du canal et de la péniche qui s’avançait vers l’écluse. Je n’ai pas résisté, tu penses, je me suis approché d’elle, je voulais la draguer. Elle m’a raconté qu’elle était en vacances et qu’une bande de racketteurs lui avaient volé tout son matériel de camping. Chouette ! j’ai pensé. Je l’ai ramenée dans mon studio et puis voilà, affaire conclue … Elle se disait sans famille. Quelques semaines plus tard, nous nous sommes mariés. Fin 69, voilà Mirka enceinte de toi, Stéfan. Nous étions heureux.

   Depuis le début de notre rencontre, j’étais troublé par son comportement et surtout, son intelligence hors norme. La physique et les maths n’avaient aucun secret pour elle. La chimie et l’astronomie non plus. Et question physique quantique, elle surpassait Max Planck lui-même. Chose troublante, aucun passé universitaire, elle affirmait tout de go avoir lu énormément … Pas d’ami, pas de famille, rien. Je pressentais que tout cela était plus que chelou. Je n’ai pas investigué, je craignais de découvrir du noirissime, des années dans des milieux interlopes, ou quelque chose comme ça. Un soir, je suis rentré du lycée plus tôt que d’habitude. Ce que j’ai vu m’a scotché sur place, j’ai failli tomber raide mort. Mirka se croyait seule à la maison. J’étais dans le living, prêt à enlever ma veste et à déposer mes fardes de cours sur le bureau. C’est alors que j’ai vu ta mère traverser un mur, celui entre la cuisine et le living. Oui, tu lis bien, ta mère traversait le mur. Je suis resté sans voix. Elle m’a intimé alors qu’elle me devait quelques explications … Et voici ce que ta mère, Mirka Svensson, alors enceinte de six mois, m’a débité d’une voix blanche :

  « Je viens de Vénus. Je suis « ingénieure », je parle plusieurs centaines de langues. Je suis ici pour étudier la race humaine, vivre avec les humains, et surtout, fonder une famille. Je viens du futur. Le temps comme tu crois le connaître, linéaire, n’existe pas. Du côté de l’Himalaya, nous avons une base dans laquelle sont entreposés des centaines de vaisseaux. Les humains sont incapables de pénétrer à l’intérieur, l’ouverture est un portail énergétique. Tout est question de fréquences et de vibrations. C’est compliqué à expliquer à un Terrien. Ne me regarde pas comme ça, avec ces yeux pleins de désespoir. Tu es un homme merveilleux, vraiment merveilleux. Tu devinais l’inconcevable et jamais tu n’as posé une question afin d’en connaître plus au sujet de mon passé. Je reviens sur mon histoire … Un de nos engins spatiaux m’a déposée à Slijpe. Nous savions que tu passerais là, que tu t’arrêterais car le pont de l’écluse se relèverait. Les Vénusiens sont partout sur la Terre, tu sais. Ils vous surveillent car vous, les Terriens, vous êtes des guerriers et vous êtes capables d’endommager tout l’univers avec vos terribles conflits nucléaires. Tu m’as vu traverser le mur. Toi aussi tu pourrais traverser les murs, et n’importe quelle autre structure, l’acier, le béton, tout. La matière est malléable, l’esprit peut tout. Je suis âgée de plusieurs centaines d’années. Je me souviens de toutes mes vies antérieures. Les mémoires des Terriens sont effacées et dès lors, à leur naissance, ils n’ont aucun souvenir de leur vie précédente, ils doivent toujours recommencer à zéro. Je connais l’histoire de l’Humanité depuis l’alpha, de la Lémurie jusqu’à l’Atlantide. Tout n’est que vibrations, informations, et énergie. Toutes les planètes du système solaire sont habitées et leurs habitants visitent la Terre. Parce que, en quelque sorte, sur le plan spirituel, vous êtes des retardataires. Tu me dis toujours que je te connais mieux que toi-même. En effet, je capte toutes les pensées des personnes qui m’entourent. Notre fils, parce que je te l’annonce, ce sera un fils, aura des capacités identiques aux miennes. Sa conscience voyagera tout comme la mienne. Je veux dire que lorsque mon corps dort aux côtés du tien, ma conscience retourne parfois sur Vénus, ou ailleurs. Tout ce que je te raconte, tu le savais tout au fond de toi. Tu avais peur de découvrir tout ça. Et moi, j’ai été lâche de me taire. Notre fils naîtra et pendant encore quelques années de votre temps, je vivrai ici avec vous deux. Un jour tu t’éveilleras et je ne serai plus là. Ma mission sera terminée sur Terre et les miens seront venus me rechercher. Je pourrais encore te parler pendant des heures, t’expliquer les lois de l’univers. On vous a caché tellement de choses à vous, les Terriens. »

   Je ne lui ai pas laissé le temps de continuer, je l’ai prise dans mes bras. Tu es né le 7 juillet 1970, tu étais un petit garçon merveilleux. Bien sûr, à trois ans, tu lisais. L’année suivante, tu connaissais plusieurs langues. Aujourd’hui, tu décodes tout l’univers ou presque. Ta mère et moi t’avons protégé au mieux. Nous savions elle et moi que tu savais … Lorsqu’ils sont venus la rechercher, tu avais dix ans. Je sais qu’elle et toi êtes toujours en connexion l’un et l’autre. Mais voilà, tu en connais un peu plus sur cette histoire, qui est aussi la tienne. Je n’ai jamais aimé que Mirka Svensson. Je n’ai jamais rien regretté. Et je t’aime aussi, mon fils. Sois heureux sur Terre, la vie est si belle.

 

William Évrard

 

Carine-Laure Desguin

 

Lien vers tous mes livres :

http://carineldesguin.canalblog.com/pages/mes-livres-/39852592.html

 

 

Lien vers mes poèmes de la Nouvelle Revue des Elytres (Grenier Jane Tony)

http://www.grenierjanetony.be/?s=Carine-Laure+Desguin

 

 

Merci à Christine Brunet qui diffuse mes textes via son blog: 

https://www.aloys.me/2023/12/in-recueil-de-la-zero/vingt-trois-de-carine-laure-desguin-poeme-6.html  

Commentaires
E
Je me suis laissée embarquer dans ta nouvelle, aux côtés de ce couple hors normes, avec cette Vénusienne.
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C
J'aime bien laisser partir mon imagination ...
P
J'ai beaucoup aimé ton texte. Il est difficile d'en choisir un sur une dizaine. Les gens doivent faire des choix; ça n'enlève rien à la qualité de ta nouvelle.
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C
Bonjour et merci cher Philippe, oui choisir reste difficile. Un texte SF et sans doute attendrissant comme le disait Edmée. Ah vivement les histoire d'amour avec les extra-terrestres! Vivement l'immigration extra-terrestre (je plaisante)!
E
Un régal... Je voulais juste "commencer pour me faire une idée" et puis j'ai lu d'une traite. Bien imaginé mais aussi... du sentiment et de l'intelligence, j'ai beaucoup aimé !
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C
Merci Edmée. A la relecture j'avais pointé deux fautes et je n'en retrouve plus qu'une, ça m'énerve. C'est ma période SF, dira-t-on!
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