L'impossible nudité, d'Eric Piette, lecture et commentaire

Eric Piette, L’impossible nudité, Le Taillis Pré, 2014

Dans un bistrot de Charleroi, je referme ce livre, L’impossible nudité (Prix Marcel Thiry 2015). Et puis je l’ouvre de nouveau. Je m’attarde sur le frontispice de Sabine Lavaux-Michaëlis, un dessin, des arbustes très sombres mais là, vers la droite, une grande tache toute lumineuse. Et vers la gauche aussi, une lumière.

Une impossible nudité ? Je ne crois pas, non. L’auteur, Eric Piette, nous livre (et se délivre ? Oui, je le pense) cent et sept textes. Dans une  prose poétique où chaque mot est pesé et ne s’encombre d’aucun artifice inutile, l’auteur se met à nu, se déchire, se déchiquette, se triture les veines avec une méticulosité presque chirurgicale. Je le suis, dans ce long voyage. Ah, j’ai fait quelques escales et je l’ai lâché, ce livre. Et puis je l’ai repris. Ces textes sont des miroirs. Et ça effraie, parfois, les miroirs. Se regarder, ça effraie. L’auteur nous emmène avec lui, dans ses voyages. Braine-le-Comte, Amsterdam, Ostende. Sur lui veillent des grands, Michaux, Pirotte, Chavée, et quelques autres. Eric Piette n’est jamais seul, en fait. Eric Piette ? Un auteur authentique, sincère. Il peut grandir, à présent. Allégé, je crois. Avec tous ces mots si simples mais si lourds de sens, il a déposé des bagages. L’enfance est loin. Oh, il y a aura toujours des mystères : 

« …là où des secrets de polichinelle

sont dénoués par les jeux de langue

que j’apprends tous les jours

à ne pas maîtriser mais à délier… »

Mais le long de tous ces chemins humides et caillouteux, parmi tous ces amours aux multiples visages :

« ….on reprend la route

Le ciel n’est plus semblable

Il devient essentiel… »

L’impossible nudité, un livre de 132 pages. Dans lesquelles l’auteur reste sur un fil, suspendu entre les souffles incertains de la vie, en danger permanent. Le lecteur, lui aussi, se sent comme menacé. Car lire ces textes, c’est en quelque sorte commencer une lacération de son psyché. L’enfance, la mère, les visages aimés et rencontrés, attendus et loupés, aussi. Les trains, les villes. Les questions, les déchirures, les inconstances de la vie. Ce sont des échos, tout ça. Mais jamais oh non jamais ces textes ne tombent dans le misérabilisme existentiel qui égratigne la créativité de certains auteurs.

Ces textes sont beaux, Eric Piette. Tout simplement, beaux.

Carine-Laure Desguin

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Comments

[C L Desguin]

Bonjour Gazou, un livre que j'ai aimé, oui. Eric Piette, un auteur belge qui a reçu plusieurs prix littéraires importants. Il a publié deux livres, Voz et L'impossible nudité. Je le rencontre ce week-end à la Foire du livre. Merci Gazou pour l'intére^t que tu portes à mes activités. A bientôt!

[gazou]

Tu me donnes vraiment envie d'aller voir de plus près